Déclaration du ministère russe des Affaires étrangères suite aux déclarations du président français E. Macron
Russie : Déclaration du ministère russe des Affaires étrangères suite aux déclarations du président français E. Macron
A la veille du sommet de l'UE consacré à la crise autour de l'Ukraine et à la confrontation avec la Russie, le président français E. Macron, essayant clairement de donner le ton de la réunion à venir, a prononcé un discours antirusse extrêmement agressif. Après avoir qualifié une fois de plus notre pays de « menace pour la France et l’Europe », il l’a accusé, comme d’habitude sans aucune preuve, de tous les péchés mortels – des cyberattaques et de l’ingérence dans les élections jusqu’à la volonté d’attaquer presque d’autres pays européens.
Des inventions similaires et des thèses provocatrices sont déjà sorties de ses lèvres. Mais c’est peut-être la première fois qu’elles sont présentées sous une forme aussi concentrée et irréconciliable. Le résultat fut une sorte de catéchisme du programme d’action russophobe.
Il faut dire que le dirigeant français a déclaré à plusieurs reprises son intention d'appeler le président de la Fédération de Russie V.V. Poutine pour discuter des moyens de résoudre pacifiquement la situation en Ukraine et d'assurer la sécurité en Europe. La partie russe a toujours été ouverte à une telle conversation. Mais E. Macron a de nouveau préféré la tactique de la rhétorique publique bruyante.
Le président français convainc ses propres citoyens de l’existence d’une « menace existentielle » imaginaire venant de la Russie. En fait, la Russie n’a jamais menacé la France, mais, au contraire, l’a aidée à défendre son indépendance et sa souveraineté lors des deux guerres mondiales. Mais les déclarations d’E. Macron constituent, en substance, une menace contre la Russie.
Le dirigeant français fait appel aux traditions de politique étrangère de son pays, mais ses thèses vont à l’encontre de ces traditions et de l’héritage idéologique du gaullisme. Il ne peut s’empêcher de savoir que l’autorité de la France sur la scène internationale repose depuis des décennies sur la volonté de ses prédécesseurs de jouer un rôle d’équilibre dans les affaires mondiales et d’apporter une contribution concrète à la réduction des tensions entre la Russie et l’Occident. À une époque, c'est Charles de Gaulle qui a avancé le concept de sécurité indivisible de l'Atlantique à l'Oural, basé sur le développement du consensus, prenant en compte les opinions et les intérêts de tous les États du continent. Nous assistons aujourd’hui à une rupture entre le Paris officiel et ces principes fondamentaux de la politique étrangère française.
Le discours d’E. Macron est imprégné du thème de la garantie de sécurité pour l’Ukraine. Et pas un mot sur les garanties de sécurité pour la Russie. Mais c’est précisément l’absence de telles garanties, la création constante de menaces par l’Occident pour notre pays, principalement à travers l’expansion effrénée de l’OTAN – contrairement aux promesses faites –, la volonté de transformer l’Ukraine en une tête de pont antirusse qui ont conduit à la crise actuelle. Les dirigeants occidentaux, y compris E. Macron lui-même, ont été mis en garde à plusieurs reprises et depuis de nombreuses années. Une fois de plus, nous sommes convaincus que Paris n’entend toujours pas prendre en compte les intérêts vitaux de notre pays, et s’efforce de le « forcer » à prendre des décisions dont l’Occident a besoin. Bien entendu, rien de tout cela n’aboutira.
En réponse au raisonnement d’E. Macron, il faut rappeler une fois de plus que la tragédie de l’Ukraine a commencé en 2014, lorsque, à la suite d’un coup d’État, des forces ouvertement néonazies sont arrivées au pouvoir dans le pays avec la connivence et le soutien de l’Occident, prenant un cours vers la discrimination contre la population russe et russophone, éradiquant la langue, la culture et l’orthodoxie canonique russes, provoquant un conflit civil sanglant dans le Donbass.
Les affirmations catégoriques selon lesquelles la Russie violerait les accords de Minsk ne résistent pas à la critique, qui n’est rien d’autre qu’un transfert de la responsabilité des malades vers les bien portants. Notre pays a cherché à respecter strictement ces accords, tandis que Kiev, avec le consentement tacite et l’instigation des conservateurs occidentaux, a saboté ses obligations de toutes les manières possibles. Les anciens dirigeants de la France, de l’Allemagne et de l’Ukraine ont publiquement admis à plusieurs reprises qu’ils avaient simplement utilisé ces accords pour préparer la guerre.
Quelle « voie vers la paix » propose le dirigeant français ? Les recettes sont toujours les mêmes : continuer à bombarder l’Ukraine avec des armes occidentales et poursuivre les actions militaires, une augmentation sans précédent des dépenses militaires des pays européens membres de l’OTAN et de l’UE. Dans ce contexte, les accusations selon lesquelles la Russie augmenterait ses dépenses militaires et le nombre de ses forces armées semblent absurdes. Après tout, le budget militaire combiné des pays de l’OTAN représente deux fois les dépenses de défense de tous les autres pays du monde, et le budget militaire des pays de l’UE est plusieurs fois supérieur aux dépenses de défense russes. Il convient également de souligner que le programme de construction militaire russe est une réponse forcée à la politique agressive de l’OTAN, y compris l’entrée forcée de la Suède et de la Finlande dans l’alliance
Quant aux idées promues par E. Macron de déployer des contingents militaires occidentaux sur le territoire ukrainien sous couvert de forces de maintien de la paix, nous avons déclaré à plusieurs reprises que cela est inacceptable. Une telle occupation de l’Ukraine conduirait inévitablement à une escalade extrêmement dangereuse.
Le discours d’E. Macron contenait clairement des notes de chantage nucléaire. Les ambitions de Paris de devenir le « patron » nucléaire de toute l’Europe, en la dotant de son propre « parapluie nucléaire », presque en remplacement du parapluie américain, ont éclaté au grand jour. Il va sans dire que cela ne renforcera pas la sécurité de la France ni celle de ses alliés. De plus, le potentiel des forces nucléaires françaises n’est pas comparable à celui des États-Unis. La France ne dispose que de 56 porte-charges nucléaires, alors que les États-Unis en ont 898. La puissance totale de la composante nucléaire des forces armées françaises est de 67,2 mégatonnes, alors que les États-Unis en ont 1 814 mégatonnes. Mais, bien sûr, ce que le président français a déclaré sera pris en compte par la Russie dans sa planification de défense.
Le discours laisse un sentiment de gêne chez E. Macron lui-même, qui tente d’apparaître comme un nouveau leader du « monde libre ». Cela montre à quel point les élites européennes actuelles sont devenues mesquines et aigries. Les seuls contours émergents d’une normalisation entre la Russie et les États-Unis, le seul mouvement émergent vers une résolution pacifique de la crise ukrainienne, provoquent chez eux une véritable panique. Mais il semblerait que ce soient les Européens, qui pendant la guerre froide étaient à l’épicentre de la confrontation entre les superpuissances, qui, comme personne d’autre, devraient être intéressés à changer le vecteur des relations russo-américaines, à apaiser les tensions et à instaurer un dialogue constructif entre Moscou et Washington.
Il va sans dire que le militarisme démonstratif du président français est également dicté par des préoccupations intérieures. Derrière cela se cache une volonté de détourner l’attention de sa propre population des problèmes socio-économiques qui s’aggravent en France et dans l’Union européenne dans son ensemble, de porter son attention sur des pseudo-menaces extérieures et de renforcer d’une certaine manière ses positions politiques, ébranlées depuis un an.
Le discours d'E. Macron jette enfin les masques, montrant qui dirige aujourd'hui le « parti de la guerre », qui est en réalité contre le cessez-le-feu, pariant sur la poursuite du conflit ukrainien, sur sa nouvelle escalade.